Le CEA dévoile pour la première fois au monde, une série d'images de cerveau obtenue avec le scanner IRM Iseult, doté d'un champ magnétique inégalé de 11,7 teslas. Ce succès marque la concrétisation de plus de 20 années de R&D autour du projet Iseult dont l'objectif était de construire le scanner IRM le plus puissant au monde pour pouvoir imager à un niveau de résolution jamais atteint le cerveau humain, sain ou pathologique, et découvrir de nouveaux détails sur son anatomie, ses connexions et son activité.
Seulement quatre minutes ! C'est le temps qu'il a fallu pour acquérir certaines des plus belles images anatomiques de cerveau sur les volontaires qui ont participé au premier protocole mené sur l'IRM Iseult installé au CEA. Cet appareil, qui utilise l'imagerie par résonnance magnétique, est le plus puissant au monde avec son champ magnétique de 11,7 teslas. La résolution des images impressionne déjà pour un temps d'acquisition si court : 0,2 mm dans le plan et 1 mm en profondeur, ce qui représente un volume équivalent à quelques milliers de neurones seulement. A titre de comparaison, pour un même résultat d'image, il faudrait théoriquement plusieurs heures sur un IRM implanté à l'hôpital (1,5 ou 3 teslas), irréaliste pour le confort du patient et parce que ses mouvements « brouilleraient » l'image.
En atteignant des résolutions aussi fines, il sera possible d'accéder à des informations sur les neurones jusque-ici inatteignables, et de comprendre comment notre cerveau encode nos représentations mentales, nos apprentissages ou encore de découvrir quelles sont les signatures neuronales de l'état de conscience.
Comprendre Alzheimer, Parkinson, les troubles psychiatriques
Les détails qui seront obtenus avec l'IRM Iseult auront des applications en recherche médicale. D'une part les informations anatomiques ultra-fines participeront à établir un meilleur diagnostic et une meilleure prise en charge de maladies neurodégénératives telles que les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson. D'autre part, l'IRM Iseult va faciliter la détection de signaux faibles, peu exploités à bas champ tel que :
Pour Nicolas Boulant, responsable du projet Iseult et directeur de recherche au CEA : « Avec Iseult, c'est un monde inconnu qui s'ouvre devant nous et nous avons hâte de l'explorer. Plusieurs années de recherche vont être encore nécessaires pour développer et améliorer nos méthodes d'acquisition et garantir des données de la meilleure qualité possible. C'est à l'horizon 2026-2030 qu'on cherchera à explorer certaines pathologies neurodégénératives, mais aussi des maladies qui relèvent davantage de la psychiatrie, comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Sans oublier les sciences cognitives ! »
Concrétisation d'un projet visionnaire et hors norme
« C'est une grande fierté de voir se concrétiser un projet de R&D de presque 20 ans. La force du CEA a été de réunir en un lieu unique des compétences pluridisciplinaires pour définir ce projet, et mobiliser le savoir-faire technologique dans les aimants supraconducteurs, développé pour d'autres disciplines du CEA. Ainsi, les neuroscientifiques, physiciens, mathématiciens et médecins ont pu, ensemble, développer les outils et les modèles permettant de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau normal et pathologique et permettre de repousser les limites de l'exploration du cerveau » précise Anne-Isabelle Etienvre, Directrice de la recherche fondamentale au CEA.
Le projet a fédéré près de 200 personnes, du CEA mais aussi de partenaires industriels et académiques :
Chiffres clés
11,7 teslas (T), son champ magnétique (1,5 et 3 T pour les IRM en service dans les hôpitaux)
132 tonnes, 5 m de long, 5 m de diamètre
182 km de fils supraconducteurs
1 500 ampères circulant dans la bobine
Aimant refroidi à - 271,35 °C grâce à 7500 litres d'hélium liquide
90 cm d'ouverture centrale
5 heures pour une montée en courant
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