Le Ségur de la santé a initié l'investissement de 2 milliards d'euros au profit du développement du numérique en santé, avec comme objectifs affichés de « rattraper le retard dans la modernisation, l'interopérabilité, la réversibilité, la convergence et la sécurité des systèmes d'information en santé », de sorte à « généraliser le partage fluide et sécurisé des données de santé ». Des éditeurs ont été missionnés pour développer de nouveaux logiciels en travaillant avec les professionnels de santé.
Les biologistes médicaux, partageant ces objectifs, ont répondu présents pour la mise en œuvre de la première vague de ce projet, laquelle vise à déployer les outils indispensables pour l'échange et le partage sécurisés des comptes-rendus médicaux dans le cadre de « Mon Espace Santé ».
La réussite de ce déploiement repose sur deux variables :
Néanmoins, alors que la biologie médicale est, dans le même temps, menacée par un projet de baisse du financement de ses actes du quotidien à hauteur de 250 millions d'euros par an jusqu'en 2026 avec des conséquences importantes sur la santé des Français, les membres de l'Alliance de la Biologie Médicale, qui fédère l'ensemble des acteurs de la profession, ont décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre leur participation au déploiement des outils nécessaires à la mise en place du Ségur Numérique. Cette décision aura pour conséquence de bloquer la validation des logiciels référencés par l'Agence du Numérique en Santé pour la gestion des données de biologie médicale, ainsi que l'alimentation par les biologistes des dossiers médicaux dans « Mon Espace Santé ».
Les biologistes regrettent de devoir en venir à de telles décisions, qui vont contre leur volonté de voir aboutir l'impulsion actuelle du numérique en santé, mais sont prêts à empêcher ces avancées si les pouvoirs publics maintenaient leur projet de désorganisation de la biologie médicale.
La suspension de leur participation au projet a été annoncée aux parties prenantes lors d'une réunion ce jour en présence de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) et de la Direction du Numérique en Santé (DNS).
Alain Le Meur, porte-parole de l'Alliance de la Biologie Médicale, précise : « L'échec du Ségur Numérique serait un vrai recul pour l'État, les patients et les professionnels de santé - sans parler des sommes déjà engagées par le Gouvernement et les acteurs de la biologie médicale qui seraient perdues. Mais nous ne pouvons pas continuer à agir en élèves modèles quand notre profession est mise en danger. Si le gouvernement n'entend pas nos alertes, nous serons contraints de suspendre notre participation à de nombreux chantiers innovants comme celui-ci, de fermer des sites en proximité et de réduire nos investissements. Nous sommes prêts à imposer un rapport de force dans les jours qui viennent pour ramener les autorités à la raison ».
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