Une étude UFC-Que Choisir évalue l'aggravation de la fracture sanitaire

Accès aux soins · 69 % de nos concitoyens victimes d’une aggravation de la fracture sanitaire

Publié le 21 novembre 2024

Un an après le lancement de sa campagne #MaSanteNattendPlus et de son recours devant la plus haute juridiction administrative au regard de l'inaction de l'État pour résorber la fracture sanitaire, l'UFC-Que Choisir dévoile aujourd'hui un sondage inédit selon lequel le statu quo affecte plus que jamais l'état de santé des Français, en particulier les plus démunis. Forte du soutien massif des consommateurs et de nombreux parlementaires à sa demande de régulation de l'installation des médecins, l'association presse le Gouvernement à instaurer cette mesure plébiscitée.


Quelques enseignement de l'étude "Fracture sanitaireSondage sur l'accès aux soins"

Perception globale de la santé et des inégalités sociales

86 % des répondants se considèrent globalement en bonne santé, mais cette perception varie selon les revenus, l'âge et la situation familiale :

  • Inégalités financières : 91 % des foyers gagnant plus de 48 000 € se disent en bonne santé, contre seulement 81 % des ménages en dessous de 24 000 €.
  • Groupes vulnérables : Les familles monoparentales, les personnes à faibles revenus, et celles avec des affections de longue durée (ALD) sont les plus exposées à une santé perçue comme dégradée.

2. Sentiment d'une dégradation de l'accès aux soins

85 % des répondants estiment que l'accès aux soins en France s'est détérioré ces deux dernières années, et 69 % ressentent cette dégradation pour eux-mêmes. Les inégalités sont renforcées par :

  • La localisation : 60 % des habitants de zones rurales ou périurbaines perçoivent une détérioration, contre 72 % en banlieue.
  • Les revenus : 73 % des ménages modestes ressentent un accès plus difficile, contre 59 % des plus aisés.

3. Difficultés pour obtenir un rendez-vous médical

Le délai d'attente pour obtenir un rendez-vous est un facteur majeur de renoncement aux soins :

  • Médecins généralistes : Le délai moyen pour un rendez-vous est de 9 jours. Dans certaines régions comme Auvergne-Rhône-Alpes, ce délai dépasse les 45 jours pour certains patients.
  • Spécialistes : Seulement 31 % des rendez-vous chez des spécialistes sont obtenus sous un mois, avec un délai moyen de 4 mois. En zones rurales, 78 % des patients doivent attendre plus d'un mois.

4. Renoncement aux soins

L'étude met en évidence des taux alarmants de renoncement aux soins pour des raisons variées :

  • Faute de rendez-vous disponible : 35 % des répondants y ont renoncé, notamment pour des consultations chez le généraliste, le dentiste ou des spécialistes. Les jeunes (19-34 ans) sont particulièrement touchés, avec un taux de renoncement de 44 %.
  • Raisons financières : 24 % des sondés ont abandonné des soins pour des contraintes budgétaires, avec une hausse par rapport à 2023 (18 %). Les revenus les plus modestes sont les plus touchés (38 %).
  • Double peine : 14 % des sondés cumulent des renoncements pour indisponibilité et raisons financières.

5. Dépassements d'honoraires

Plus d'un patient sur deux (58 %) a été confronté à des dépassements d'honoraires, principalement chez les spécialistes, aggravant les inégalités d'accès.

6. Solutions et pistes d'amélioration

Les répondants soutiennent massivement des mesures pour lutter contre les déserts médicaux :

  • 93 % sont favorables à l'encadrement de l'installation des professionnels de santé ou à des incitations financières.
  • 45 % souhaitent des actions concrètes pour réduire les dépassements d'honoraires et faciliter l'accès aux soins de base.

Source

OBSERVATOIRE DE LA CONSOMMATION DE L'UFC-QUE CHOISIR

ENQUÊTE EN LIGNE AUPRÈS D'UN ÉCHANTILLON REPRÉSENTATIF RÉALISÉEDU 6 AU 13 NOVEMBRE 2024
•1 003 RÉPONDANTS


35% ont renoncé à des soins faute de rdv* ! 15

Un marqueur d’inégalités sociales et régionales


•27% seulement des plus riches (> 48 k€) ont renoncé à des soins faute de rendez-vous disponible contre 36% des moins aisés (< 24 k€).
•Ils sont 40% à avoir abandonné du fait de l’absence de rdv disponible en Bourgogne-Franche-Comté, 43% en Occitanie, 47% en Normandie, et un individu sur deux en Centre-Val-de-Loire.
•Les jeunes (19-34 ans) sont plus nombreux à déclarer avoir renoncé à des soins faute de rdv, 44% contre seulement 24% pour les plus de 65 ans.
•Respectivement 38% et 36% des habitants de banlieues ou de zones péri-urbaines indiquent avoir renoncé à des soins du fait de l’absence de rdv possible.

Et les difficultés pour trouver un rendez-vous concernent encore plus les personnes en mauvaise santé : elles sont 44% à avoir baisser les bras dans leur quête d’un rdv disponible.
(*) Ils étaient 27% lors de notre dernière étude en 2023.