Subir une opération chirurgicale est souvent source de craintes et de questionnements auxquels les infirmiers (ères) de bloc opératoire (Ibode) doivent faire face. A l'occasion du Salon Infirmier, l'événement de référence de la profession depuis 27 ans, qui se tiendra les 5, 6 et 7 novembre prochains à Paris, les Ibode souhaitent communiquer auprès du grand public sur leur métier, leur rôle, montrer l'importance des procédures au sein du bloc opératoire pour garantir la sécurité du patient, mais également susciter des vocations pour cette profession passionnante !
« L'univers du bloc opératoire est de plus en plus complexe et notre métier requiert toujours plus de compétences et de technicité, l'Ibode veille sur la sécurité du patient » Brigitte Ludwig, présidente de l'Unaibode
...un infirmier spécialisé
L'Infirmier de bloc opératoire diplômé d'Etat est un professionnel spécialisé qui veille au bien-être et à la sécurité du patient lors d'interventions chirurgicales.
Après leurs études d'infirmier et une expérience professionnelle d'au moins deux ans, les Ibode suivent une formation complémentaire de plus de 2 200 heures de cours et stages.
Elle permet d'acquérir un savoir essentiel sur
· Les techniques chirurgicales : préparation de la zone d'incision, geste opératoire, réalisation du pansement...
· La prise en charge de l'opéré au cours des différents actes : entretien préopératoire avec le patient, écoute de la personne avant l'intervention, aide la relaxation, pré installation en vue de l'anesthésie...
· L'hygiène hospitalière : traitement des mains, contrôle de la stérilité des instruments, vérification et contrôle des protocoles et procédures...
· L'environnement technologique : contrôle de tous les appareils, connexion des câbles stériles sur les consoles respectives, réglage de l'éclairage, ...
· La maîtrise de la fonction : la responsabilité de chacun et la gestion de tous les risques pour une personne opérée au bloc opératoire, ...
Les Ibode en chiffres :
· 9 245 Ibode en France
· Au bloc, ils représentent 35% des infirmiers ayant la spécialisation Ibode
· 5 à 10% sont des hommes
Depuis janvier 2010, la check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire » est devenue obligatoire en France. Elle permet d'opérer le bon patient au bon endroit, de diminuer le taux d'infection du site opératoire, d'éviter l'oubli de corps étrangers....
Avant l'anesthésie. Voici les questions que l'on doit vous poser au bloc :
1. Votre identité est-elle correcte?
2. L'intervention et la zone à opérer sont-elles les bonnes ?
3. Avez-vous des risques allergiques ? Si oui, confirmez-vous les mesures adéquates en cas de risques allergiques, respiratoires et hémorragiques.
Le froid. N'hésitez pas à dire à l'Ibode qui s'occupe de vous que vous avez froid ; c'est tout à fait normal et votre confort est essentiel.
Moins de 2 minutes. C'est la durée de la check-list en présence de tous et avec la participation du patient (avant qu'il ne soit endormi).
Après l'intervention. Un décompte systématique est effectué oralement pour s'assurer du bon déroulement (instruments, aiguilles, compresses, signalement des dysfonctionnements éventuels).
Dans sa fonction, l'Ibode exerce alternativement 3 rôles en fonction des opérations planifiées :
· Circulant : contrôle du fonctionnement des équipements nécessaires à l'intervention. Accueil, préparation et installation du patient.
· Instrumentiste : gestion de la table d'instrumentation stérile.
· Aide-opératoire : assistance du chirurgien.
L'Unaibode (Union Nationale des Associations d'Infirmièr(e)s de Bloc Opératoire Diplômé(e)s d'Etat) est l'association qui regroupe les associations d'infirmiers de bloc opératoire et qui défend la qualification des quelques 9 300 Ibode exerçant en France dans le secteur public et le secteur privé. Sans eux, il ne peut y avoir de fonctionnement sécuritaire des blocs opératoires.
« Ce que j'aime, c'est être Ibode au sein du Service de transplantation : interventions plus longues, plus « puissantes ». On sait quelque part qu'une personne décédée a pu donner la vie à une autre. »
1. Pourquoi le bloc et le métier d'Ibode ?
J'ai intégré le bloc pour avoir une autre vision du métier d'infirmière et changer de spécificité. J'ai aimé la technicité, l'approche auprès du patient. J'ai apprécié l'idée d'une prise en charge globale dès que le patient arrive ; mais aussi la notion de rapidité : en très peu de temps, il faut arriver à cerner les problèmes du patient et arriver à mettre en place un plan d'actions. J'ai choisi de rester au bloc et d'avoir une reconnaissance de cette expérience via la spécialisation pour ouvrir les possibilités. C'est un métier qui offre des perspectives d'évolution (cadre de santé) et en ce sens, la formation est vraiment nécessaire pour acquérir de bonnes bases théoriques (législation, règles d'hygiène) ; c'est une véritable ouverture d'esprit pour ensuite mieux revenir au bloc.
2. Que préférez-vous dans votre métier ?
Ce que j'aime, c'est être Ibode au sein du Service de transplantation : interventions plus longues, plus « puissantes ». On sait quelque part qu'une personne décédée a pu donner la vie à une autre. Cela fait du bien de se dire qu'on ne fait pas ça pour rien. J'aime aussi énormément transmettre ce que je connais aux nouvelles recrues qui arrivent et la gestion du matériel de bloc.
3. Quels sont vos « petits trucs » pour rassurer le patient ?
Par ma part, j'essaie d'éviter la négation du type « N'ayez pas peur » ou « Ne craignez rien, tout va bien » et de m'adapter à l'état psychologique du patient (euphorie, envie de ne pas parler...).
4. Quels sont les difficultés et risques du métier ?
A mon avis, c'est d'être dépassé par tout ce que l'on voit (on travaille dans le sang, le stress de perdre quelqu'un qui ne va pas bien ou d'un matériel qui manque). Il y a également les risques physiques (objets tranchants, à base d'électricité) et les risques de contamination (transmission de maladies infectieuses telles que le sida, les hépatites...). D'où les bénéfices de la formation d'Ibode car on apprend à se protéger.
5. Quels conseils donneriez- vous à un jeune qui souhaite devenir infirmier de bloc ?
Je lui dirais de bien réfléchir à « Pourquoi le bloc opératoire ? » ; c'est souvent un choix particulier. On est parfois enfermé pendant 7 heures avec le même petit groupe ce qui demande d'être assez souple au niveau relationnel !
« Ce que j'aime particulièrement, c'est le changement perpétuel. On ne reste jamais sur nos acquis. ».
1. Pourquoi le bloc et le métier d'Ibode ?
Après plusieurs expériences dans différents services (thoracique, digestif, sénologie), j'ai eu envie d'aller vers plus de technique et connaitre le péri-opératoire (toute la mise en place avant et pendant l'opération).
2. Que préférez-vous dans votre métier ?
Ce que j'aime particulièrement, c'est le changement perpétuel. On ne reste jamais sur nos acquis. Il y a toujours une nouveauté matérielle et un procédé d'intervention qui évoluent. Par exemple, on est passé de la chirurgie ouverte à la cœlioscopie (chirurgie pratiquée grâce à de petites incisions qui respecte la paroi abdominale) et au robot. Aujourd'hui, on est capable de rentrer dans les programmes informatiques des robots, de vérifier au moment de la mise en place que les composants fonctionnent bien ! Mais au bloc, il y a également tout ce qui touche à la gestion du matériel : prise de commande et réception. C'est donc varié ce qui rend le métier intéressant.
3. Quels sont vos « petits trucs » pour rassurer le patient ?
Je m'adapte en fonction du patient. La première chose que je fais, c'est de me présenter pour le rassurer. Je lui dis que je serai avec lui pour l'installer, pendant qu'il sera endormi et qu'au réveil par contre, ce ne sera peut-être pas moi. Pour les femmes, je prends souvent la main. Je réponds aussi aux questions.
4. Quels sont les difficultés et risques du métier ?
Je trouve que la difficulté majeure est de ne pas être capable de s'adapter. Aujourd'hui, c'est devenu de plus en plus nécessaire en fonction des techniques ; mais également des chirurgiens car ils ont leur mode de fonctionnement, leurs habitudes. Un risque : avec ou sans robot, les infections restent le plus importants et nous prenons des précautions maximum pour ne pas ramener de germes au patient.
5. Quels conseils donneriez- vous à un jeune qui souhaite devenir infirmier de bloc ?
Avoir les épaules larges pour gérer l'importance des actes à effectuer en plus du stress provoqué par l'urgence. Il faut savoir rester tranquille et calme ce qui s'apprend aussi avec le temps et l'expérience.
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