Alors que les débats effervescents sur la prochaine loi de santé mobilisent tous les acteurs concernés (professionnels de santé, députés, etc...), la 4ème édition de l'étude Santé de Deloitte, réalisée avec l'Ifop, questionne les Français sur leur consommation de soins et de services santé. Un panel de plus de 2 000 Français a été interrogé sur leur perception du système de santé en général, mais aussi sur l'évolution de leur budget santé, sur l'efficacité de la prévention, les attentes des complémentaires santé, et enfin sur le développement de la e-santé.
Principaux chiffres :
Des réformes attendues dans un contexte d'accès aux soins difficile
Si 6 Français sur 10 consultent un médecin au moins une fois par trimestre, signe d'un suivi très régulier, une proportion non négligeable de Français rapporte avoir déjà renoncé ou reporté des actes médicaux pour des raisons financières : une personne sur trois (34%) a ainsi reporté ou renoncé à une visite chez le dentiste, 27% s'agissant d'une consultation de médecin spécialiste, et 21% pour un kinésithérapeute. Dans une moindre mesure, 14% ont déjà reporté ou renoncé à une visite chez le médecin généraliste et 13% une intervention chirurgicale.
Pour limiter leurs dépenses, 3% des Français se sont déjà rendus à l'étranger pour recevoir des soins médicaux et 2% pour y subir une opération chirurgicale. Par ailleurs, une large majorité des Français (86%), anticipe une hausse de la part des dépenses de santé restant à leur charge au cours des prochaines années.
S'ajoutant aux difficultés financières, 56% des Français ont le sentiment que le nombre de médecins spécialistes diminue dans leur région et 54% pour les médecins généralistes. De fait, la majorité des personnes interrogées considèrent que la liberté d'installation des médecins est une mauvaise chose car certaines zones du territoire manquent actuellement de médecins (62%), une opinion qui a progressé de 4 points par rapport à 2009.
Signe de la crispation sur la question des frais de santé, 70% des Français adhèrent à l'idée selon laquelle chacun devrait participer à la prise en charge des frais de santé liés aux risques pris dans sa vie courante (consommation excessive de tabac ou d'alcool, pratique de sports violents...). Malgré tout, ils rejettent fermement les propositions visant à diminuer ou moduler les niveaux de remboursement en fonction des revenus de l'assuré (63%).
" Bien que demeurant inquiets sur l'évolution du système de santé, notamment en ce qui concerne l'accessibilité économique et géographique, les Français sont conscients de la nécessité de réformes et comprennent globalement les orientations prises par les pouvoirs publics. " indique Michel Sebbane, Associé Conseil Secteur Public chez Deloitte.
Les Français constatent une amélioration de leur santé grâce aux actions de prévention
Si la proportion de Français ayant adopté des gestes de prévention est stable par rapport à l'an passé (87%), on note en revanche une hausse de l'efficacité perçue de ces actions. Ainsi, 62% des personnes ayant appliqué des actions de prévention déclarent avoir constaté une amélioration de leur santé, contre 57% l'an passé. Pour agir sur leur santé, ils sont désormais 49% à manger plus sainement et 43% à pratiquer une activité physique régulière.
Parmi les motivations possibles pour suivre un programme de prévention personnalisé, on voit émerger plus nettement le fait de pouvoir être récompensé (40%), c'est-à-dire la possibilité de bénéficier de réductions de cotisations chez leur assureur et celle de se voir accorder des réductions ou des remises en lien avec le programme. De même, la motivation apportée par ses progrès et la diminution des risques de rechute et notamment les différents outils de mesure et de suivi (32%) ou encore d'être orienté vers les professionnels de santé en fonction de sa progression (22%).
Autre point intéressant, 93% des Français pensent que la prévention peut contribuer à la baisse du déficit de l'Assurance Maladie.
En matière de prévention, les Français attendent des informations de la part, des institutions telles que le Ministère de la Santé (73%), ou l'Assurance Maladie (68%), d'acteurs privés comme les laboratoires pharmaceutiques et fabricants de matériel médical (69%) ou les mutuelles (66%) mais aussi des professionnels de santé comme les pharmaciens (63%) ou la médecine du travail (60%).
Des prestations " supplémentaires " de la part des mutuelles au cœur des attentes des Français
A moins d'un an de son entrée en application, sept interviewés sur dix déclarent avoir entendu parler de la loi de généralisation de la complémentaire santé à l'ensemble des salariés d'ici à 2016 (contre 50% en 2014), mais 42% affirment ne pas savoir précisément de quoi il s'agit.
Les Français interrogés partagent le sentiment que le niveau des remboursements réalisés le plus souvent est satisfaisant : la consultation de médecin généraliste (90%), ou les dépenses de pharmacie (81%). En revanche, le remboursement des soins dentaires (53%), ortho-dentaires (35%) ou optiques (46%) pâtissent toujours de l'image de prestations médicales mal remboursées.
De fait, logiquement les services jugés potentiellement intéressants si les mutuelles venaient à les proposer portent principalement sur des prestations financières, comme un meilleur remboursement de certains frais médicaux (65%) ou le remboursement d'autres dépenses de santé (44%).
Point important à noter, un Français sur deux témoignent d'un intérêt concernant une éventuelle souscription à une sur-complémentaire santé financée par leurs soins. Parmi les personnes se déclarant prêtes, un tiers y consacreraient un budget supérieur à 25 € par mois.
" On mesure une meilleure connaissance des Français de la réforme qui vise à généraliser la complémentaire santé à l'ensemble des salariés : c'est ainsi 70% des Français qui déclarent avoir connaissance de cette réforme. Plus de la moitié d'entre eux pourraient recourir à une sur-complémentaire pour des remboursements supplémentaires mais aussi pour accéder à des services autour de l'accompagnement au parcours de vie et au bien vieillir. " commente Jean-François Poletti, Associé Conseil Assurances de Personnes et Protection Sociale chez Deloitte.
Réalités de la e-santé et des technologies de communication santé : plébiscitées mais peu utilisées !
Un Français sur deux se montre partagé quant à la place qu'occupe le système de santé français en matière de e-santé et pointe du doigt son retard. Le premier bénéfice de la e-santé perçu par les Français réside dans l'amélioration de la coordination des professionnels de santé (81%). Plus de 3 Français sur 4 (77%) estiment également que la e-santé sera efficace pour mieux suivre des indicateurs biologiques de santé comme le pouls, la tension, le poids, mais aussi pour lutter contre les déserts médicaux par 2 Français sur 3.
En pratique, 35% des Français déclarent consulter des sites Internet d'information en santé, 14% disposent d'un Dossier Médical Personnel, 8% ont installé sur leur smartphone des applications mobiles d'information en santé et 7% disposent de dispositifs médicaux communicants (objets connectés). En revanche, près de la moitié des Français (47%) n'utilisent aucun de ces outils d'information médicale. En prime, 16% des Français seulement déclarent aujourd'hui échanger par e-mail ou SMS avec les professionnels de santé.
L'étude met pourtant en exergue que 87% des Français pensent qu'il serait intéressant que des applications mobiles viennent à proposer un contact facilité avec des services d'urgence. De même, 87% pensent qu'une aide à la prise en charge et au suivi de maladies spécifiques ou chroniques serait intéressante. En revanche, encore une très légère partie est prête à payer pour ces applications.
Enfin, en partant du principe que le secret médical et la confidentialité de leurs données médicales sont sécurisés, premier frein à l'utilisation de la e-santé (41% dont un jeune sur deux de moins de 24 ans), les Français se montrent en grande majorité favorables à son développement, et notamment à la transmission électronique de leurs résultats d'examen médicaux entre professionnels de santé (87%), au renouvellement d'ordonnances à distance (84%) et à la réception de leurs données médicales ou de leurs résultats d'examen sous format électronique (81%).
" Les Français croient au potentiel de l'e-santé et sont favorables à son développement : 4 Français sur 5 la jugent ainsi efficace pour améliorer la coordination entre les professionnels de santé. Toutefois, pour une mise en œuvre à grande échelle de l'e-santé, certains freins restent à lever, notamment l'inquiétude des jeunes face à la confidentialité des données ", commente Mathieu Grosheny, Senior Manager Conseil Assurances de Personnes et Protection Sociale chez Deloitte.
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