Créé en 2001 par le Ministère chargé de la Recherche et soutenu depuis 2004 par la Fondation d'entreprise Airbus Group, le Prix Irène Joliot-Curie est destiné à promouvoir la place des femmes dans la recherche et la technologie en France. A cette fin, il met en lumière les carrières exemplaires de femmes de sciences qui allient excellence et dynamisme.
Depuis 2011, l'Académie des sciences et l'Académie des Technologies sont chargées de constituer le jury.
Le Prix Irène Joliot-Curie 2014 comporte trois catégories :
? La catégorie "Femme scientifique de l'année" récompense une femme ayant apporté une contribution remarquable dans le domaine de la recherche publique ou privée et dont les travaux sont reconnus tant au plan national qu'international. La lauréate de cette catégorie reçoit une dotation de 40 000 €.
Les lauréates de ces deux dernières catégories reçoivent une dotation de 15 000 €.
Cette année, France Culture est partenaire du Prix Irène Joliot-Curie.
Chef de Département à IFP Energies nouvelles (IFPEN) et responsable des recherches dans le domaine de la Catalyse Moléculaire.
Le prix est décerné à Hélène Olivier-Bourbigou pour ses travaux dans le dans le domaine de la catalyse homogène, à travers une double approche académique et industrielle. Après avoir débuté sa carrière aux côtés d’Yves Chauvin -Prix Nobel de Chimie 2005 -Hélène Olivier-Bourbigou travaille depuis 25 ans dans son domaine. Ses recherches visent à développer des procédés qui permettent de transformer des matières premières fossiles en molécules, à plus haute valeur ajoutée, utilisées par l’industrie chimique (plastifiants, polymères, etc.). Au cœur de ces procédés de transformation de la matière, le catalyseur, substance qui accélère les réactions chimiques et oriente leur sélectivité, joue un rôle central.
Hélène Olivier-Bourbigou va très tôt inscrire ses travaux dans un objectif de chimie durable. L’enjeu est, en effet, de mettre au point des procédés plus respectueux de l’environnement et plus économiques. Pour répondre à ces problématiques, Hélène Olivier-Bourbigou crée des passerelles entre plusieurs disciplines et fait partie des pionniers ayant montré l’intérêt d’utiliser en catalyse les liquides ioniques (sels liquides à température ambiante), jusque-là appliqués dans le domaine des batteries. L’apport de cette approche, d’une très grande originalité, est salué par la communauté internationale de la catalyse
Reconnue parmi les meilleurs experts mondiaux dans sa discipline, Hélène Olivier-Bourbigou est auteur de 90 publications et 98 brevets qui ont abouti à des avancées scientifiques majeures en catalyse. Elle est invitée comme conférencière plénière dans les congrès internationaux les plus prestigieux. En 2013, Hélène Olivier-Bourbigou est élue Présidente de la Division Catalyse de la Société Chimique de France où elle a à cœur de contribuer au rayonnement de la Catalyse Française au niveau international.
Le parcours d’Hélène Olivier-Bourbigou est marqué par l’innovation, c'est-à-dire par une capacité remarquable à transformer les résultats de travaux académiques en procédés industriels (ou en applications concrètes). Elle a toujours su allier une démarche scientifique très rigoureuse avec le souci de l’aboutissement industriel, une démarche qu’elle transmet à l’équipe d’une vingtaine de chercheurs qu’elle anime aujourd’hui avec un nouvel enjeu scientifique qui est de transformer les matières premières renouvelables comme la biomasse en carburants et molécules pour la chimie. Les travaux de son département ont conduit à la commercialisation par Axens, filiale d’IFPEN, de plus de 100 unités industrielles localisées partout dans le monde.
Hélène Olivier-Bourbigou consacre une part importante de son temps à former les jeunes à la recherche et par la recherche. Elle a dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’étudiants en thèse et post-doctorat. Elle s’attache à leur inculquer ce qu’elle considère comme les moteurs de la recherche, la passion, le goût de l’innovation et du risque associés à une exigence et une curiosité scientifiques sans relâche.
Chercheuse en biologie au CNRS et agrégée des Sciences de la Vie et de la Terre, chef de groupe à l’Institut Jacques Monod – CNRS
Le prix est décerné à Virginie Orgogozo pour ses travaux sur les mutations responsables de changements apparus au cours de l'évolution de plusieurs espèces de mouches drosophiles, afin de retracer leur histoire évolutive et de mieux comprendre les mécanismes fondamentaux et la compréhension générale de l'évolution, passée et future.
Fascinée depuis son enfance par le vivant, Virginie Orgogozo s’est tournée très tôt vers les sciences pour essayer de comprendre par elle-même la place de l'homme dans l'univers. Après une formation en biologie (classes préparatoires et agrégation externe des Sciences de la Vie et de la Terre), elle s’est intéressée lors de sa thèse aux mécanismes
moléculaires et cellulaires qui conduisent à la formation d'un être pluricellulaire complexe à partir d'une seule cellule oeuf. Afin de comprendre comment et pourquoi de nouveaux caractères apparaissent dans le monde vivant au cours de l'évolution, elle étudie maintenant des couples d'espèces vivant actuellement qui sont très proches et essaie de reconstituer les principales étapes de l'évolution qui ont conduit à leur divergence.
En avril 2010, Virginie Orgogozo a commencé à encadrer une équipe ATIP-AVENIR composée de quatre personnes à l'Institut Jacques Monod à Paris. Aujourd'hui, son équipe est constituée de dix personnes et dispose d'un financement ERC Starting grant jusqu'en 2018. Afin de pouvoir dégager de nouvelles règles générales qui régissent l'évolution des êtres vivants, son équipe étudie plusieurs cas concrets d'évolution chez les insectes : l'évolution du métabolisme des stérols et l'évolution de la forme des pièces génitales.
Depuis la création de son équipe en 2010, Virginie Orgogozo encadre de nombreux étudiants, et de jeunes chercheurs et chercheuses. Son équipe comprend actuellement 10 personnes, en proportion égale de femmes et d'hommes.
A travers son parcours exemplaire, Virginie Orgogozo souhaite aussi montrer aux femmes qu'une carrière passionnée dans la recherche est compatible avec une vie familiale épanouie. Au quotidien ; elle leur montre par l'exemple que cela est possible.
Présidente fondatrice de Defymed SAS
Après l’obtention de son doctorat sur la thérapie cellulaire de l'Amyotrophie Spinale Infantile, Séverine Sigrist a commencé sa carrière au Centre européen d'étude du Diabète (CeeD), une association localisée à Strasbourg. Dans cette petite équipe qui ne comptait alors que deux personnes, son objectif était de développer de nouveaux projets innovants pour prévenir, traiter voire guérir les patients diabétiques.
Le développement de nouvelles thérapeutiques et l’obtention de financements notamment européens ont permis au CeeD d’obtenir une reconnaissance universitaire avec le label UMR pour l'aspect thérapie cellulaire et d’employer 16 salariés auquels se rajoutent en moyenne 5
étudiants (master, thèse, BTS, DUT ...).
C'est dans ce contexte que le concept innovant de pancréas bioartificiel, initié au CeeD dès 1996, a vu le jour. Afin de concevoir, développer et valider cliniquement des dispositifs bioartificiels avec une première application au pancréas bioartificiel, Séverine Sigrist a créé en mars 2011 la start-up Defymed dont elle est PDG et qui compte 5 salariés.
Depuis plus de 15 ans, l'ensemble de l’activité de Séverine Sigrist est entièrement voué à la recherche scientifique et technique dans un centre de recherche privé, ce qui lui a également permis de développer de nouveaux axes de recherches et de s'investir dans la création d'une nouvelle société pour une thérapeutique beaucoup plus appliquée à court terme.
Aujourd'hui, l’action de Séverine Sigrist est mutualisée autour de ces deux structures. Au sein du CeeD, elle dirige une équipe de 20 personnes et développe en parallèle l'activité de la start-up Defymed. L'équipe polyvalente mise en place, composée d’autant d’hommes que de femmes, qui occupent d’ailleurs des rôles clés dans le développement des différents projets, gère la partie Recherche et Développement (manager R&D), qualité et réglementaire (ingénieur) et technique (ingénieur assistant). Le rôle de Séverine Sigrist se concentre sur le développement de la société avec pour objectif de certifier la société IS013485 afin de démarrer les études cliniques en 2016 et de permettre le marquage CE du dispositif.
Depuis cet été, Séverine Sigrist est également présidente de l’Association Alsace Biovalley, un retour aux sources puisque c’est ce pôle « innovation thérapeutique » qui a contribué au développement des projets de recherche du CeeD.
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