5èmes Etats Généraux de la Santé en Région

Compte-rendu de la 2nde rencontre Fil Bleu à Montbard, le 11 septembre 2015.

Publié le 12 novembre 2015


La deuxième des trois rencontres Fil Bleu 2015 a croisé et décrypté des expériences innovantes...
Enjeu ? « Faciliter la diffusion d'expérimentations probantes au bénéfice du Grand Âge et des personnes démunies. »

Les 250 participants sont venus d'horizons multiples, complémentaires. Tous partageaient cette conviction : nous devons inventer localement de nouvelles formes de solidarités pour améliorer la vie quotidienne des personnes âgées ou fragiles, tant au plan de la santé, qu'à celui des conditions de leur qualité de vie. Mais si expérimenter c'est bien, diffuser l'innovation c'est encore mieux.

  • Organisation : nile. Animation : Olivier Mariotte, président de nile.
  • Partenaires : Coopér'Âge, Forum Living Lab, le CIMA. Prise de notes : Coopér'Âge.


Matinée : un « jury inversé » sur des approches innovantes

Le jury inversé : une nouvelle méthode de dialogue avec les autorités, tutelles et institutions.
Des initiatives locales ou spécialisées sont présentés devant un jury inversé, chargé non de les « évaluer » mais de les soutenir par des propositions concrètes, des conseils, des contacts.

Jury
: Solange Ménival, Vice présidente du CR d'Aquitaine, William Gardey, Président de la CNAMTS, Dominique Giorgi, président Comité d'Economique des Produits de Santé, Yannick Le Guen, sous-directeur de la performance, DGOS, Christian Anastasy, Directeur général de l'ANAP, Philippe Calmette, DG ARS Limousin, Cédric Grouchka, membre collège de la HAS, Laurent El Ghozi, président d'Elus Santé Publique Territoires.


Sélection de trois exemples, sur six sujets présentés :

1. Diabète Lab, par Gérard Raymond, président de l'AFD, association française des diabétiques

Dans les expérimentations, le patient est encore trop souvent oublié. Nous avons lancé « Diabète Lab », un dispositif incluant patients, innovateurs, évaluateurs, pour « vivre ce que nous expérimentons », pour « professionnaliser nos démarches ».
Finalités : qualité de vie des patients, observance, accompagnement des innovations. Pour que les innovateurs passent du « je créé pour vous » au « je crée avec vous ».
Diabète Lab réunit autorités, professionnels, industriels, associations.
Multiples expérimentations : pédagogie (elearning, programmes ETP, sites Internet,), services numériques (SMS, applications mobiles, objets connectés), communication (Blog Diabète Lab.). Notre approche pourrait aussi être un outil au service des élus locaux, en proximité. Le patient est au cœur de la transformation.

  • Jury inversé : « La qualité de vie du patient, dans sa ville, au quotidien, implique les collectivités locales : prévention, alimentation, inclusion. Nous pouvons vous aider à sensibiliser les élus ! » « Allez sur la démonstration médico-économique et précisez quels sont les problèmes essentiels des diabétiques que vous visez, pour chaque projet, comment vous les abordez et pourquoi. »

2. Les Living Labs, par Robert Picard, animateur du Forum Living Lab « santé et autonomie »

Exemples :

  • Le Pôle autonomie santé du CCAS de Lattes (Hérault, 18 000 habitant) en 2009 avait le projet de favoriser les solutions technologiques pour le maintien à domicile des personnes en difficulté et en particulier accroître l'autonomie des handicapés physiques grâce à des innovations techniques. Le pôle a opté pour la démarche Living Lab. Trois ans plus tard, l'expérience a pleinement réussi avec de nombreuses réalisations à large diffusion.

  • Graine de pays est une association autant qu'une aventure.
    Son sujet ? Rompre l'isolement de personnes âgées grâce à l'Internet.
    « On est allé dans les EHPAD, les foyers. On a récolté les informations sur les situations vraies. On a mis des (petites) actions en réponses, avec des bénévoles que nous formons. »
    Résultats : la méthodologie Living Lab nous apporte une grande réussite. Les personnes âgées se mettent à Internet pour des usages qui leur correspondent, de façon très personnelle, très motivante pour elles !


Deux leçons en retour :

  • Ce qu'on croit a priori à propos d'un problème et de ses solutions est très souvent... faux.
  • Le living lab va de l'avant et est pertinent aussi pour la diffusion de l'expérimentation.

  • Jury inversé : « Vous pourriez tout à fait envisager de vous financer par du crowdfunding ». « Vous avez une expertise et des innovations porteuses d'intérêt général, vous pouvez contacter les collectivités locales. » « Votre démarche est remarquable et, pour solvabiliser chaque projet, ne faut-il pas l'étendre sur un territoire progressivement plus grand ? »

Le Forum Living Lab est soutenu par le ministère des finances. Le point de départ d'un Living Lab est son ancrage local.
Exemple : un élu veut résoudre un problème de personnes à domicile. On part de ce problème et on le résout peu à peu avec tous, en suivant une méthodologie. De façon itérative, on apporte des réponses, on les expérimente et on les étudie en retour, avec co-surveillance éthique, humaine, scientifique et technique, en sachant d'emblée qu'on vise une large diffusion. Cela devient alors très efficace, et les solutions vont au-delà des espérances des acteurs. La notion d'intérêt public dynamise les énergies. « Il n'y a pas de leadership dominant. Tout le monde a le premier rôle. Comme on écoute les usagers, les progrès profitent aux autres.»

3. Le projet mobilisateur (Maison Médicale Jean XXIII, établissement de la Fondation des Diaconesses de Reuilly, Nord-Pas-de-Calais)

  1. Notre modèle mise sur la débrouillardise. Il a reçu le Coup de Cœur au CIMA 2015.
    Le projet est simple : Rendre beaux et confortables les patients, faciliter les tâches quotidiennes, avec les acteurs de terrain.
    Le défi : nous sommes un établissement pour handicapés et personnes en fin de vie ! Nous avons monté un atelier couture, patients, familles, bénévoles et salariés tous ensemble, pour faire des vêtements pratiques, sur mesure, avec nos propres moyens. Nous avons fait appel à une styliste. Puis ensuite, nous avons relevé le défi d'organiser un... défilé de mode ! Regardez les images : les patients en fin de vie ou en état végétatif défilent ! C'était magnifique : on en a pleuré d'émotion. Encore plus prenant : cet élan de solidarité tient dans la durée, il anime une grande dynamique, y compris avec nos fournisseurs et partenaires, des grands couturiers ou le CETI (Centre européen des textiles innovants). Pulls, pantalons, jupes, il faut maintenant passer...du bricolage à la production.
    On cherche un atelier pour fabriquer les vêtements.

  • Jury inversé : « Il faudrait faire connaître à tous votre projet. Son dynamisme est contagieux. Votre approche développe formidablement l'estime de soi. D'autres choisiront d'autres sujets. Pour continuer de progresser, envisagez aussi le Crowdfunding ! »


Après-midi. Innovations orientées personnes âgées, dans leur lieu de vie. (tables rondes)

Retour sur le 1er CIMA : Conférence Internationale des Métiers de l'Accompagnement, Limoges.

Philippe Calmette, DG ARS Limousin et président du CIMA.
En résumé : il y a plein de bonnes initiatives et leur diffusion doit être améliorée. Le terrain est en demande.

  • Le CIMA : une rencontre pour présenter des bonnes pratiques.
  • Produit dérivé : une base de données de ces bonnes pratiques est en constitution.


Coopér'Âge : comment fonder un cadre d'actions commun entre acteurs de proximité au service des aînés ?

Dominique Fauconnier (animation) met l'accent sur les conditions d'une mobilisation collective organisée, en vue de solidarités concrètes au quotidien, en proximité des aînés et des aidants.

Evelyne Gaussens, ancienne DG de l'HP Gériatrique « Les magnolias » : un cadre commun est toujours à construire (il n'est pas naturel). Nous avons mis 10 ans à le construire. Concrètement : nous avons instauré tous les parcours possibles des PA, un par un, donc tous les partenariats. Or le parcours c'est éviter l'hôpital, y rester peu, ne pas y revenir ! On a mis en place des critères d'évaluation précis. On les a suivis ensemble, régulièrement, et on a essayé de tenir tous nos engagements. On a progressé à chaque fois. Pendant 10 ans nous avons décloisonné. Nous sommes partis de l'hospitalo-centrisme pour aller vers un territoire collaboratif.

  • Deux conditions principales pour réussir ensemble : construire la confiance en écoutant et en répondant aux besoins et demandes de nos partenaires (en n°1), et l'opportunisme dans l'action (en n°2). In fine, la création de la Maia a été un bon support pour coaliser tout ce que nous mettions en place. Nous avons également retenu une leçon : il faut expérimenter avant de formaliser davantage des liens qui prennent du temps à se construire.


Christian Forrat, Directeur des Petits Frères des Pauvres Bourgogne-Franche Comté, Monalisa. Monalisa a une finalité : moins d'isolement, plus de solidarité. Et un objectif : soutenir de nouvelles équipes bénévoles citoyennes, locales, coopérant avec les professionnels. Résultat : près de 100 projets. Deux moyens : la charte nationale et les conventions locales d'équipes citoyennes.

  • Conditions pour réussir ensemble : les partenaires doivent d'abord s'entendre sur leurs finalités et leurs valeurs (exemple : chaque personne âgée est unique, irremplaçable). Puis voir pourquoi coopérer sur tel thème précis et sous quelles conditions pratiques ? (Exemple : garantir la formation des bénévoles, la présence de référents disponibles, la pérennité des équipes bénévoles, le financement). Il faut quatre ans pour atteindre une équipe d'environ 20 bénévoles. Le temps du succès !


Christian Bissardon, coordinateur et animateur de la filière gériatrique du Forez.

  • Conditions pour réussir ensemble : des conditions de fonctionnement définies, et des objectifs ciblés (par exemple : réduire les passages aux urgences grâce à une permanence téléphonique gériatrique, faire face aux situations de patients en crise en EHPAD et éviter les urgences). Créer une Maia. Autre leçon : bien lancer le projet en communiquant officiellement beaucoup.


Pr Thierry Dantoine, CHU de Limoges, en synthèse.
Important : l'accord sur l'état des lieux et sur les 1ers objectifs. Chaque corps se protège dès qu'il partage (cf. difficultés du dossier médical partagé). Bien définir les critères d'évaluation sur des résultats pour les administrés, alors l'action devient pragmatique. Dialoguons avant de lancer nos démarches transversales. Nous aussi, à Limoges, nous tirons les mêmes leçons!

Olivier Mariotte :
Merci à tous ! Avec un merci particulier à la Ville de Montbart pour son accueil.


A NOTER

La 3ème Rencontre du Congrès Fil Bleu Paris 2015, Santé-Solidarités Grand Âge, en collaboration avec Gérond'If, le nouveau gérontopôle d'Ile de France, se déroulera le 14 décembre 2015, à l'Université Pierre & Marie Curie :

  • Des benchmarkings, des incubateurs, des formations concrètes, des innovations à suivre.
  • Et de la convivialité pour de nouveaux contacts.