A l'heure où les pouvoirs publics veulent développer la médecine ambulatoire pour faire évoluer la prise en charge hospitalière et améliorer le parcours de santé des Français, la question de l'accès aux soins de premier recours se pose avec une acuité toute particulière.
Le rapport publié aujourd'hui par l'Observatoire régional de santé d'Île-de-France (ORS ÎdF) montre, une nouvelle fois, que les difficultés d'accès aux soins de ville ne touchent pas que les communes rurales isolées. Toutes les régions françaises ou presque sont touchées et l'Île-de-France n'est pas épargnée. Entre 2007 et 2016, la région a perdu 18,7 % de ses médecins généralistes libéraux en activité (selon le dernier atlas du Conseil national de l'Ordre des médecins).
Une offre de soins qui diminue et des besoins qui augmentent
A la diminution des effectifs s'ajoute une baisse de l'activité des médecins. Selon le rapport, « les nouvelles générations de médecins n'acceptent plus de faire des journées de 15 heures et d'être disponibles soirs et week-ends (même s'ils conservent un temps de travail important) ». De ce fait, la baisse de l'offre libérale de soins de premier recours est d'une ampleur plus importante que la seule baisse des effectifs de médecins. De surcroit, les besoins de soins augmentent sous l'effet de l'accroissement de l'espérance de vie, du vieillissement de la population et de l'augmentation des maladies chroniques, note l'ORS.
Des densités médicales très inégalement réparties sur le territoire
Les difficultés d'accès aux soins de ville de premiers recours sont encore renforcées par l'inégale répartition des médecins sur le territoire, souligne le rapport.
Quand on regarde les densités médicales libérales, spécialité par spécialité, « le département rural de la Seine-et-Marne et le département socialement défavorisé de la Seine-Saint-Denis apparaissent quasiment systématiquement en queue de distribution française ou francilienne ».
La lutte contre les déserts médicaux : un nouveau tournant ?
L'Agence régionale de santé Île-de-France (ARS) vient de publier le nouveau zonage réglementaire identifiant les zones franciliennes déficitaires en offre de soins médicale et qui pourront prétendre aux aides publiques de lutte contre les déserts médicaux. La nouvelle cartographie des déserts médicaux franciliens fait apparaître que 76% de la population vit dans une zone déficitaire en offre de soin médicale, dont 37 % dans une situation particulièrement préoccupante. Ce nouveau zonage multiplie par 2,5 la population des territoires dans lesquels les médecins, et notamment les médecins généralistes, peuvent bénéficier d'aides publiques.
La lutte contre les déserts médicaux est engagée depuis le début des années 2000. Le rapport de l'ORS dresse un panorama des actions mises en place ou envisagées pour corriger la situation : augmenter le nombre de professionnels de santé en exercice, attirer et fidéliser les médecins dans les zones déficitaires, mieux répondre aux aspirations des médecins, développer la télémédecine, soutenir les initiatives locales, l'exercice collectif et la souplesse du cadre d'exercice, diversifier le profil des professionnels... Pour chacun de ces leviers, le rapport fait l'inventaire des éléments d'évaluation et des pistes d'amélioration. Il montre aussi la diversité et l'inventivité des initiatives locales.
En parallèle, la Région Île-de-France est particulièrement engagée en faveur de la lutte contre les déserts médicaux. Elle a ainsi adopté une stratégie régionale en ce sens en septembre 2017, qui vise à opérer un véritable choc de simplification dans les dispositifs régionaux pour maintenir les professionnels de santé sur le territoire francilien, en faisant confiance aux acteurs des territoires pour construire des projets et innover tout en s'appuyant sur les collectivités pour aider concrètement les professionnels de santé à s'installer.
Ce recensement aussi complet que possible fait écho au consensus qui se dessine aujourd'hui autour de la nécessité de recourir à une large palette d'outils pour donner de nouveau envie aux médecins de s'installer et d'exercer la médecine générale de ville en Île-de-France et plus spécifiquement dans les secteurs désertés.
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