Structuré en MSP depuis janvier 2017, le Pole Bercé Santé réunit une vingtaine de professionnels à Château-du Loir. Parmi eux, des médecins généralistes, des infirmières et des kinésithérapeutes. Objectifs : mieux répondre aux besoins d'une population dont la moyenne d'âge s'élève, et s'engager dans des actions fédératrices. Par exemple, l'opération « Combien je mange, combien je bouge », à destination des adolescents, qui se déroulera cette année pendant la Semaine du goût. Décryptage aux côtés d'Estelle Parrot, pédicure podologue DE et coordinatrice du Pôle Bercé Santé.
La Rédaction
Comment est né le projet de Pôle Bercé Santé ?
Estelle Parrot
Ce projet est né d'un constat fait par les médecins à la fin des années 2000 : leur âge moyen avait tendance à s'élever sur le territoire. Sous l'instigation de plusieurs médecins généralistes, de premières réunions entre professionnels de santé ont donc été organisées en 2009. Ces réunions ont permis à ces professionnels de santé de se connaître. Puis, une association a été montée. Celle-ci regroupait tous les professionnels de santé du territoire qui souhaitaient participer à l'action. Cette association comptait aussi au conseil d'administration les élus et l'hôpital.
Au fil des ans, l'idée d'un bâtiment a fait son chemin et a fédéré le groupe. Avec l'appui de la Communauté de Communes, ce projet de bâtiment s'est progressivement mis en place. En résumé, ce projet de MSP est donc né d'une volonté de la part des professionnels du territoire et s'est mis en place en synergie avec les élus et l'hôpital.
La Rédaction
Quelles ont été les dates clés de ce grand projet ?
Estelle Parrot
Ce projet de santé a commencé à émerger en 2013, au cours d'une phase de travail préalable.
Puis nous avons reçu une proposition de l'ARS pour une formation à la coordination, dans le cadre du « Pacte Soins Primaires » avec l'EHESP. J'ai alors proposé à l'équipe de me former. A partir de janvier 2016 j'ai intégré la formation et l'équipe s'est ainsi inscrite dans « l'exercice coordonné ». Ensuite, nous sommes entrés dans une réflexion collective sur ce qui devait être mis en place au niveau de l'équipe. En 2016 nous avons écrit les valeurs de la charte de l'équipe et nous avons formalisé 3 fiches de poste : sur la coordination, sur la cogérance et sur le référent du système d'information.
Dans le courant de la même année, nous avons entamé une réflexion sur la SISA (Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires).
Fin 2016, nous avons créé notre société et nous nous sommes tous associés dans la SISA. Puis, nous avons contractualisé avec la CPAM en janvier 2017 dans le cadre de l'ACI pour pouvoir commencer à rémunérer les professionnels de santé du temps et des actions qui sont mises en place dans le cadre de l'exercice coordonné. Au final, il aura donc fallu 2 bonnes années pour que le projet se mette en place. Et cette année, en janvier, nous avons fait notre premier bilan de la contractualisation mise en place l'année dernière.
La Rédaction
Quels sont vos projets en cours ?
Estelle Parrot
Le programme « Combien je mange, combien je bouge » sera mis en place cette année. Il fait suite à un appel de projet de l'ARS, auquel nous avons répondu. Conçu par un groupe de 3 professionnels, ce programme a pour objectif de faire prendre conscience de l'importance de la nutrition et de l'activité physique sur la santé. « Combien je mange, combien je bouge » sera mis en œuvre durant le mois d'octobre, à l'occasion de la Semaine du goût et se destine à toutes les classes de cinquième de la ville de Château-du-Loir. Durant la première journée, les adolescents seront invités à participer à un atelier de théâtre.
Objectif : les faire s'interroger sur les raisons pour lesquelles ils n'appliquent pas les messages de prévention. Un sujet sensible, surtout à cet âge, où le rapport au corps n'est pas simple, tout comme cette notion d'image que l'on donne aux autres. Après cet atelier théâtre, des podomètres seront distribués aux élèves et pendant la semaine, un relevé de comptage sera effectué, aux côtés des enseignants. Pour mettre en place cette initiative, nous avons lié un partenariat très fort avec les professeurs de ces classes de 5ème à travers plusieurs rencontres.
En fin de semaine, les élèves vont participer aux ateliers « Mon Petit Resto ». Ils utiliseront un outil prêté par la Mutualité Française : un self grandeur nature, qui permet aux enfants de prendre conscience de ce qu'ils mettent dans leur assiette et de comprendre ainsi ce qu'ils mangent, comment ils bougent et quel est l'impact de ces choix sur la santé.
La Rédaction
Avez-vous lancé d'autres projets ?
Estelle Parrot
Nous organisons des réunions de concertation pluri-professionnelles tous les mois, pour échanger autour de cas complexes. Nous continuons également, à créer du lien avec l'hôpital. De plus, un autre protocole pluri-professionnel a été déployé depuis 2016 : le protocole de soins personnalisés. Il permet de réunir autour de la même table les acteurs sociaux et médico-sociaux face à la perte d'autonomie d'une personne âgée. Ceci facilite la prise de décision sur l'avenir de la personne : soit le maintien à domicile, soit le placement. Ce protocole a été écrit par l'équipe, pour répondre à un besoin sur le territoire, qui compte aujourd'hui de nombreuses personnes âgées fragiles.
La Rédaction
Oui, et avec certainement, en prime, le risque d'isolement dans certaines zones
Estelle Parrot
Oui, nous sommes face à des cas compliqués aux niveaux sociaux. Il n'y a pas que le problème médical. D'ailleurs, ce sont souvent des problèmes sociaux qui compliquent la prise en charge des patients. C'est pourquoi le protocole de soins personnalisés va être bien réactivé cette année.
De plus, à partir de cette année, nous participons à une expérimentation pour le repérage de la fragilité. Nous mettons actuellement en place une fiche de repérage, en partenariat avec l'hôpital et l'ADMR. Cette fiche permet aux professionnels de mieux détecter les patients fragiles et de les orienter soit vers le médecin, soit vers les services sociaux. En fin d'année 2018 nous ferons le bilan pour voir combien de personnes ont été repérées, et si certaines personnes détectées n'avaient pas été repérées avant. Une expérimentation qui est d'ailleurs menée sur plusieurs territoires.
La Rédaction
Le fait d'être regroupé en Maison de Santé Professionnelle doit certainement faciliter de type de démarches ?
Estelle Parrot
C'est plus que ça. Nous ne pouvons organiser ce type de projet qu'en étant structurés de façon suffisante.
La Rédaction
Parlez-nous de l'installation dans les locaux en septembre 2017 ?
Estelle Parrot
Précisons que nous étions en maison de santé avant d'être dans les bâtiments. Pour devenir maison de santé, 3 prérequis sont nécessaires : le premier est d'avoir quelqu'un pour la coordination. Ensuite, il faut avoir un système d'information partagé : nous l'avons déployé sur l'ensemble des professionnels de l'équipe avant de rentrer dans les murs, courant 2017. Le troisième prérequis est l'accès aux soins, avec des plages de soins non programmés et la mise place de réunions de concertation pluriprofessionnelles. Concrètement, nous sommes devenus MSP à partir de janvier 2017. Nous avons déménagé dans les murs en septembre. L'équipe était déjà identifiée depuis plusieurs années, au travers de l'association qui a été créée dans les années 2010.
Le Pôle Bercé Santé c’est :
Au final, environ 2 années ont été nécessaires à structurer l’équipe du Pôle Santé Bercé. Au cours de l’année 2018, différentes actions seront mises en place. Parallèlement, une réflexion collective sera entamée, afin de voir comment adapter les actions entreprises à l’évolution de certains facteurs, comme le vieillissement de la population ou des médecins. Une démarche qui sera répétée tous les 5 ans.
Le Pôle Bercé Santé en quelques données clés :
ARS, renforcer l’accès territorial aux soins en Pays de la Loire
Le plan national pour renforcer l’accès aux soins dessine les contours d’une nouvelle organisation des soins pour les années qui viennent. Elle repose sur 3 principes forts :
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