Les étudiants en santé sont près de 350 000. Ils représentent l'avenir de notre système de santé. Leur bien-être, leur qualité de vie sont une préoccupation centrale, à double titre.
D'abord parce qu'une société qui va bien est une société dont la jeunesse va bien, justifiant en soi que la santé et l'épanouissement des étudiants soient au centre des évolutions de notre enseignement supérieur, tant dans les aspects de formation que de vie étudiante. C'est un objectif pour tous les étudiants et ceux des formations en santé ne font pas exception.
Mais aussi parce que la santé et le bien-être des soignants sont des conditions indispensables au bon fonctionnement de notre système de santé et à la qualité des soins proposés à l'ensemble de la population. Il est difficile de prendre soin de l'autre quand on ne va pas bien soi-même. Améliorer la santé et le bien-être des étudiants en santé est donc, indirectement, et sur le long terme, un levier dont les bénéfices s'étendent à leurs futurs patients et participent à la transformation que nous avons engagée de notre système de santé.
Pourtant, dans notre pays, mais aussi ailleurs dans le monde, certains clignotants sont au rouge. Les associations étudiantes, au plus près du terrain, ont alerté sur cette situation. Des évènements dramatiques sont survenus. Des enquêtes conduites par les associations d'étudiants en médecine et d'internes, par les associations d'étudiants en soins infirmiers, ou plus récemment par les étudiants sage-femmes ainsi que des travaux scientifiques récents, dans plusieurs pays du monde montrent l'ampleur des difficultés et la nécessité d'une action.
Face à cette situation nous avons décidé, en juillet dernier, de confier au Dr Donata Marra une mission, avec l'objectif de mieux comprendre pour mieux agir.
Il était en particulier important d'analyser les spécificités de la situation des étudiants en santé, jeunes adultes confrontés à la fois aux contraintes académiques et professionnelles, apprenant un métier pas tout à fait comme les autres, où l'on côtoie quotidiennement la souffrance et la mort. Il était important aussi de pouvoir repérer, tant dans l'organisation des institutions de formation, que dans celle des établissements de santé accueillant les étudiants en stage, les facteurs qui créent ou aggravent le stress et le mal-être ou au contraire agissent de façon protectrice.
Le rapport qui nous a été remis est particulièrement riche. Il se nourrit à la fois d'une analyse de la littérature, de comparaisons internationales et de près de 100 entretiens avec des acteurs très divers. Il confirme l'ampleur des difficultés et l'urgence à agir.
Ayons le courage de le dire, ce rapport montre qu'il n'y a pas de solution simple, unique, facile et rapide à mettre en œuvre. Il éclaire sur le caractère complexe, multifactoriel, systémique des problèmes et la multiplicité des causes, imposant une action cohérente, coordonnée, sur de nombreux aspects des formations en santé.
Mais la complexité ne doit pas être un obstacle à l'action. Elle impose par contre une méthode : développer des outils de mesure pour relayer l'action d'enquête qui a été initiée par les associations étudiantes, distinguer les changements urgents à atteindre à court terme, et les transformations qu'il faut enclencher et évaluer mais qui ne produiront des effets qu'à moyen terme ; agir simultanément sur les différents leviers, par exemple pour desserrer les contraintes sur l'organisation des formations et améliorer l'encadrement en stage ; enfin faire du bien-être des étudiants une boussole guidant les chantiers de transformation des études de santé que nous avons engagés, tant pour les formations paramédicales et de maîeutique, que pour les formations de médecine, pharmacie et odontologie.
Le défi est immense, il est collectif et la réponse doit être collective.
Pour y répondre nous nous engageons sur 15 mesures identifiées comme des leviers de transformation des comportements, des environnements, des organisations.
Agnès Buzyn & Frédérique Vidal
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